Lancé depuis ce lundi 23 juin 2025 sur toute l’étendue du territoire guinéen, les épreuves du bac se poursuivent dans les centres retenus pour abriter l’ultime évaluation.
Un message de détresse émanant d’une candidate a récemment été porté à notre rédaction. Cette jeune fille, dont l’anonymat est requis, dénonce des pratiques discriminatoires à l’encontre de candidates voilées dans plusieurs centres d’examen de Conakry et Dubréka. Son témoignage met en lumière une situation alarmante et récurrente, malgré les directives officielles autorisant le port du voile simple dans les enceintes scolaires.
Dans un long message envoyé, la candidate raconte les faits qu’elle a vécus le lundi 23 juin 2025 au centre Hadja Haby Djakité, à Dubréka. Voilée intégralement, elle explique avoir été contrainte de modifier son habillement pour être autorisée dans la salle : « J’ai dû me changer dans une cour près de l’école afin de porter un petit voile et une bavette. J’ai aussi dû enlever mes gants et mes chaussettes. »
Elle évoque également une fouille corporelle poussée effectuée par des femmes : « La fouille était vraiment bizarre, elles nous touchaient partout. Mais c’étaient des dames, donc j’ai accepté. »
Bien qu’autorisée à passer l’examen, la candidate confie n’avoir pas pu se concentrer : « J’étais habillée d’une manière qui ne me convenait pas. J’avais un grand malaise intérieur. Je tremblais devant ma copie. »
Si dans son centre les surveillants ont toléré un petit voile et une bavette, la jeune fille affirme que dans d’autres établissements, la situation était bien plus rigide. Elle cite notamment les centres Yoma de Dubréka, Ibrahim Bah de Sangoyah, Béhanzin de Gbessiah, ainsi que plusieurs écoles de la commune de Ratoma et de l’axe autoroutier. « Dans ces centres, qu’elles soient voilées partiellement ou totalement, toutes les filles ont été contraintes d’enlever complètement leur voile pour pouvoir entrer. Celles qui ont accepté l’ont fait tête nue. D’autres sont rentrées chez elles, anéanties. »
Elle regrette que certains responsables d’établissement fassent preuve de zèle abusif, ignorant la note ministérielle du 22 septembre 2022 qui autorise clairement le port du voile simple dans les centres d’examen.
Au-delà de l’injustice ressentie, la candidate souligne la violence symbolique de ces pratiques sur les jeunes filles musulmanes pratiquantes : « Le voile n’est pas un instrument de tricherie. Ce n’est pas juste un morceau de tissu. C’est une identité, une vie, une adoration. »
Elle propose une solution simple : des fouilles encadrées, en salle fermée, par des femmes exclusivement, sans qu’on prive les filles de leur tenue religieuse. « Si vous doutez, faites-nous entrer dans une pièce avec des dames, fouillez-nous, mais ne nous obligez pas à sortir tête nue. C’est humiliant, c’est une atteinte à notre dignité. »
Dans son message, elle lance un appel pressant aux autorités éducatives et au public : « Je réclame que tous les centres se comportent comme Hadja Haby Djakité, qui a au moins toléré le voile avec la bavette. Il faut avertir et sanctionner les responsables scolaires qui vont à l’encontre des instructions officielles. Et surtout, j’en appelle au public : qu’il arrête de se taire face à cette injustice. »
Ce témoignage soulève une question majeure de liberté religieuse et d’égalité de traitement dans un État qui se dit laïc. Pour cette candidate, le stress de l’examen ne devrait jamais être aggravé par celui d’être musulmane pratiquante. « On dit que le pays est laïc. Mais que chacun soit libre de vivre sa foi. Nous sommes des filles normales, comme toutes les autres. Nous demandons juste le respect. »
Ce témoignage s’ajoute à de nombreux autres signalements sur les réseaux sociaux ces dernières années. Des associations comme « Ne Touche Pas à Mon Voile »ou certains acteurs de la société civile appellent à une harmonisation claire des pratiques dans tous les centres d’examen.
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